Les conséquences liées aux agressions sexuelles n’ont pas de sexe. En effet, la grande majorité des conséquences vécues diffère très peu. Par contre, c’est souvent dans la manifestation et l’expression des conséquences que cela diffère et une de ses principales différences est l’utilisation de la colère et de l’agressivité comme moyen d’extériorisation.
Lorsque l’agression se produit durant l’enfance, il n’est pas rare de voir une modification drastique du comportement chez l’enfant. Celui qui était tranquille et non agressif peut voir, suite à l’agression, une modification grave de son comportement. À l’école, les notes chutent et les visites chez le directeur augmentent pour mauvais comportement.
Avec l’augmentation de l’agressivité et la réaction de rejet de la société vis-à-vis ces individus, cela engendre un cercle vicieux. Étant plus en colère de se faire contrôler et de se faire rejeter, la personne vit avec plus d’agressivité et se fait encore plus rejeter par les membres de son entourage. Le cercle vicieux devient de plus en plus profond.
Souvent, l’abus de drogue et d’alcool prend de l’ampleur et nous avons droit à une triste recette plutôt favorable au développement d’un comportement antisocial qui mènera la possible victime à la criminalité.
À ses débuts, le SHASE était un programme de l’organisme SAPC (Services d'aide en prévention de la criminalité) regroupant des maisons de transition en Estrie. Les gens de l’organisme ont toujours eu à cœur d’aider ces personnes à réintégrer de manière positive la société. Toutefois, leurs observations ont démontré qu’un homme sur deux affirmait avoir été victime d’abus sexuels.
Depuis maintenant 5 ans, le SHASE effectue des rencontres individuelles au Centre de détention de Sherbrooke. Nous rencontrons des hommes judiciarisés qui ont été victimes d’agressions sexuelles dans leur passé. Chaque année, nous aidons en moyenne 40 hommes et nous croyons que nous pouvons en faire plus. En offrant de tels services à un plus grand nombre, cela permettrait de diminuer significativement la récidive des comportements criminels associés aux abus sexuels durant l’enfance. Nous voulons permettre à ces victimes de mieux comprendre l’origine de leur malaise ainsi que de favoriser une meilleure réinsertion en raison du volontariat de la démarche de rétablissement proposée.
Il faut se questionner sur la méthode utilisée pour la réinsertion sociale au Québec, car si nous ne comprenons pas la source des comportements antisociaux et de la consommation, il est très difficile d’aider les personnes à s’en sortir. Souvent, elles ne comprennent même pas d’où provient l’apparition de leurs comportements criminels.
À noter que le SHASE ne veut pas justifier les crimes commis par ces hommes. Nous voulons faire comprendre le processus.
L’une des réponses à la souffrance des hommes depuis trop longtemps est l’incarcération. Avec un meilleur soutien pour les hommes, il y aurait moins de personnes dans les prisons. Nous devons pousser la réflexion sur les causes possibles de la criminalité et revoir tout le processus.
N’oublions pas qu’une personne incarcérée coûte 80 000 $ par année. Des programmes pour tenter de faire diminuer la récidive ou encore mieux de prévention sont beaucoup moins dispendieux à la société, aux victimes et aux proches de leurs victimes.
Le SHASE offre des rencontres individuelles avec un intervenant aux hommes qui ont vécu une agression sexuelle et ont besoin d’en parler. Nous y abordons plusieurs sujets et thèmes.